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(TAKE ME HOME TONIGHT) Ft Maureen & Everett

 :: The great new york city. :: À l'extérieur de ny. :: Amérique.
Mar 6 Aoû - 12:04
Depuis les dernières semaines, on dirait que je manquais considérablement d’air à plusieurs moments de la journée. Lorsque je pensais à m’acheter un truc à manger, lorsque j’avais besoin qu’on fasse quelque chose pour moi, mais également lorsque je devais me déplacer. Tout ce que je connaissais. Tout que j’étais. Tout n’était plus rien. Je ne pouvais même plus affirmer que je m’appelais Everett Decker. Mon nom était salit. Mon identité était fausse. Je n’avais plus un rond. Plus de femme. Plus rien. Comment tout ça était-ce possible ? J’avais pourtant eu une belle vie. J’avais terminé l’université avec le soutien de mes mentors et finit premier de ma classe. J’étais pourtant bien intelligent, un gestionnaire hors norme même… mais non. La famille que je possédais – celle qu’au final, j’aurais pu choisir avait joué avec moi.. mais également ma fratrie, nous faisant croire à tant de choses, pour finir en prison… nous laissant sans rien. Le plus difficile dans toute cette histoire c’était certainement le fait de fondre jusqu’au plus bas de la société. Gens que je méprisais depuis toujours et pour en ajouter une couche, ma femme demandait le divorce… et j’apprenais que j’avais été arraché d’une famille pauvre du New Jersey. LE NEW JERSEY. Vous y croyez vous ? Je n’avais jamais osé m’aventurer dans ce secteur de la ville craignant attraper le choléra, voir la peste.

Et me voilà… aujourd’hui. Quittant un bus de transport en commun pour découvrir la famille qui partageait mon sang. Utilisant le fond d’une bouteille de désinfectant pour les mains, je quitte ainsi le navire pour marcher doucement dans les rues insalubres de ce quartier de Newark. Des alarmes de polices, des gens louches à tous les coins de rues et une odeur qui me donnait l’envie de régurgiter le morceau de pain sec que j’avais mangé ce matin. Je regarde ainsi le morceau de papier contenant l’adresse des Kennedy et lève le menton perplexe. Je suis là. Figé. Je n’arrive pas à décoller mon regard du bâtiment délabré. Des jouets trainaient devant, une vieille bicyclette et plusieurs débris près d’une vieille camionnette qui ne devait même plus pouvoir prendre la route. C’est alors qu’une main touche mon bras. Je me tourne en sursautant pour fixer la jeune demoiselle. « Non, je n’ai pas d’argent… et pitié ne me touchez pas… je suis rendu pauvre, je ne veux pas me retrouver avec le sida ou la Gonorrhée quand même… il y a une limite à vivre un véritable enfer… » Répondis-je en poussant les mains comme si je voulais faire fuir un chat de gouttière. Le dégoût se lisait sur mon visage.
Everett Decker
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Mar 6 Aoû - 19:59
Ce n’était pas de gaîté de cœur que j’étais revenue à Newark. Chacune de mes visites chez les Harrington/Kennedy  m’était très pénible. Je devais y subir les reproches de mes parents et les questions inquisitrices de mon mari. J’avais la sensation intolérable d’être infantilisée, et pourtant, je me sentais l’obligation de passer chaque mois un week-end dans ma famille. 2 jours, ni plus, ni moins. À cette occasion, j’apportais à mes parents une partie de mon salaire, afin de les aider à arrondir les fins de mois. Suite à quoi je retrouvais ma liberté chérie à New York, dans mon appartement petit mais toujours impeccable du Bronx.

Ce matin-là, Archer m’avait particulièrement agacée. Il venait de me faire une scène terrible car il avait découvert dans ma valise un short un poil trop court à son goût. J’avais fini par sortir sur le perron des Kennedy, blasée, pour allumer une cigarette. Je n’avais pas pour habitude de fumer, pour tout avouer je n’aimais pas l’odeur du tabac, mais j’avais vraiment très envie de narguer Archer – me voir une clope à la main allait à tous les coups lui faire péter un câble. Ses crises me lassaient, ses principes religieux extrêmes me gonflaient. Et plus je me montrais désabusée, plus il enrageait. « Mon mec est quand même sacrément coincé », songeai-je, flegmatique.

Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé ensuite. Toujours est-il que je l’ai reconnu immédiatement. Clayton. Enfin, Everett. J’eus un pincement au cœur. Après toutes ces années à suivre sa trace, il se tenait devant moi, en chair et en os. Bien vivant, avec toujours le même visage angélique. Je ne me troublais pas facilement, mais là, j’étais réellement déconcertée. Sans vraiment y réfléchir, je fis un pas vers lui, puis, instinctivement, tendis une main. Que je retirai aussitôt, comme s’il m’avait brûlée.

Sa réaction me parut d’abord si absurde que j’eus envie d’éclater de rire. « C’est quoi ce délire, il déconne là ? ». Il ne me semblait pourtant pas ressembler à une pouilleuse, avec mon jean et mon petit chemisier noir. Mais comprenant qu’il était on ne peut plus sérieux, je ravalai mon envie de rire. Pour moi, le choc était violent. Je repris une expression nonchalante, pour cacher mon trouble grandissant. Moqueuse, je rallai :

- Ne vous inquiétez pas, mes vaccins sont à jour. Enfin je crois. Maintenant que vous le dites, j’ai un doute. Peut-être bien que j’ai la gale.

Le vouvoiement m’était venu naturellement : en fait, et c’était dur à dire, je ne connaissais pas l’homme en face de moi. Je me moquais ouvertement de lui, mais au fond, ma déception était immense.  « Tu savais pourtant à quoi t’en tenir, Mo. Tu savais qu’il te mépriserait. Tu savais qu’il ne te reconnaîtrait pas. ». J’ignore de quelles illusions je m’étais bercée. En haussant les épaules, faisant mon possible pour avoir l’air indifférente, j’ajoutai :

- En tout cas, vous au moins, vous savez parler aux filles.

Derrière le ton de la plaisanterie, j’avais du mal à dissimuler une certaine agressivité. « Enfoirés de milliardaires, mais comment c’est possible de vivre avec des œillères à ce point ? ». Je me radoucis pourtant en me rappelant ce que j’avais pu lire dans le dossier de la police (que j’avais volé sans scrupules), à la rubrique « examen psychologique » : « trouble de la mémoire ». Revenir à Newark n’avait pas dû être facile pour lui.

- Écoutez, je… Je crois que nous nous connaissons, en fait.
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Mer 7 Aoû - 3:08
Une fois que j’avais posé mon regard choqué sur cette jeune femme qui osait poser une main sur moi, je me questionnais sur qui elle pouvait bien être. De sa couleur de peau, je comprenais qu’elle ne faisait pas partie de ma famille – bien qu’elle semblait être du quartier. C’était peut-être un bon point. En tout cas.. malgré son statut social, je pouvais dire que je la trouvais jolie. Elle gagnait un point. C’est en frottant le revers de mon bras accompagné d’un dégoût complet que je l’écoutais me répliquer. Disons qu’elle savait s’y prendre elle côté répartie. Je ne lui souriais pas, mais je lui répondis quand même un peu surpris. « Je vous laisserais mon numéro… idée que vous me donniez le résultat de vos testes dans ce cas. » Étais-je sérieux. Totalement. Je soupirais doucement en déviant le regard vers la maison où j’avais déjà vécu – selon le papier que j’écraisais entre mes doigts. C’était improbable. Plus que j’y songeais, plus que je n’y croyais pas. Dire que ma vie avait été si merveilleuse avec ma famille autant à Miami qu’à Manhattan. Les serveurs, les nannies, les limousines et le caviar. J’avais tout pour vivre une vie de rêve… loin de ressembler à ce taudis qui se dévoilait devant mes yeux. C’est à ce moment qu’elle m’informait que nous nous connaissions. Je croise les bras en gardant une posture bien droite. Que voulait-elle dire par ça ? « Comment est-ce possible ? Qu’est-ce que vous voulez dire… je ne … je ne viens pas d’ici pourtant… » M’avait-elle reconnue ? C’est vrai que je faisais les manchettes depuis plus d’un mois désormais et que mon visage était déjà connu de l’Élite newyorkaise… mais parlait-elle de moi comme Everett Decker ou bien de Clayton Kennedy. Je ne voulais pas m’en venir à des conclusions hâtives avant qu’elle me donne un peu plus de détail sur la nature de cette supposée rencontre.
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Mer 7 Aoû - 18:42
- Bon, c'est vrai que depuis peu, tout New York vous connaît. Vous n'êtes pas le champion de la discrétion, hein. Mais je ne vous parle pas de ça.

Je plissai légèrement le nez. J'avais retrouvé mon habituelle moue un peu boudeuse. D'un geste désinvolte, je désignai la maison à côté de celle des Kennedy. Faire durer le suspens ne servait à rien.

- J'habitais ici, enfant. Nous avons fait les pires bêtises du monde ensemble.

Du coin de l'œil, j'observais sa réaction, curieuse. Comment gérait-il la situation ? Comment allait-il prendre la nouvelle ? Je n'avais aucune pitié pour lui, évidemment. À mes yeux, Everett n'était pas à plaindre. Il n'avait jamais eu à faire d'efforts. Sa famille adoptive avait profité de la crédulité de gens comme moi pour s'enrichir. Ce qui lui arrivait n'était qu'un juste retour des choses. J'avais cependant beaucoup de peine pour l'enfant qu’il était jadis. Et même si je ne m’apitoyais pas, je pouvais imaginer que ce qu’Everett traversait aujourd’hui était une épreuve difficile à surmonter.

Je songeai soudain à celui qui aurait dû occuper toutes mes pensées depuis le début. « Mince, Arch. » Si Everett le traitait avec autant de mépris – et surtout d'ignorance – qu'il l'avait fait avec moi, mon mari allait être infiniment blessé. D'ordinaire, je n'osais même pas parler de Clayton en sa présence. Arch, déjà fragile, avait été très affecté par la réapparition de son frère dans les médias. Peut-être que précipiter les retrouvailles n'était pas une si bonne idée que cela.

- Venez, faisons quelques pas. Je vais essayer de me retenir de vous égorger dans une ruelle sombre.

Je ne pris même pas la peine de cacher mon demi-sourire moqueur. J'entraînai Everett quelques mètres plus loin. Puis, de but en blanc, sans prendre de pincettes, je lâchai :

- Alors, finalement, vous avez décidé de revenir ? Pourquoi ?
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Jeu 8 Aoû - 15:50
Je restais là, figer comme si le monde tournait au ralenti depuis que je m’étais posé face à la supposée résidence familiale – la maison de mon enfance. Je devais me douter qu’avec l’affaire Decker dans les médias, tout le monde devait désormais me connaitre. On m’en voulait. On me méprisait. On m’avait craché au visage, même frapper depuis toutes ses révélations, sauf que je savais une chose. Dans cette histoire, j’étais innocent. Je faisais mon travail au meilleur de mes compétences et je n’avais aucune idée de ce qui se tramait dans l’entreprise. D’un sens, je n’avais que 23 ans. Je travaillais comme gestionnaire que depuis 1 an et demi. Comment pouvais-je gérer les grands chiffres de l’entreprise avec aussi peu d’expérience… enfin… je regardais la jeune femme sans vraiment sourire. J’étais mal qu’elle me reconnaisse pour mon histoire – bien qu’elle m’expliquait me connaître de plus loin. Du temps où j’étais Clayton Kennedy. « Je suis navré… mais je n’ai aucun souvenir de vous. Je n’ai aucun souvenir d’avoir vécu ici même… ni de m’être appelé Clayton d’ailleurs. » J’étais stressé au point où je ressentais un blocage au niveau de mes omoplates. Je l’écoute faire son petit commentaire sur la ruelle et je ne pus sourire. Je ne savais pas pourquoi, mais je me mis à la suivre. Je me gratte la nuque. « Je ne reviens pas. » Dis-je sèchement. Mon timbre de voix se calma ensuite pour reprendre une teinte plus agréable, remarquant que j’avais été un peu brusque. « J’étais curieux… c’est tout. Je me demandais si de passer ici me rappellerait des souvenirs, mais non… rien du tout. Je ne compte pas toquer à la porte et partager un café infecte à rabais avec eux… ne vous imaginez rien… » Je baisse le regard, fixant le sol.
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Ven 9 Aoû - 19:42
Je ne parvenais pas à me défaire de mes préjugés. Car même si Everett avait été victime d'une grosse conspiration, je n'arrivais pas à concevoir qu'il se soit laissé manipuler à ce point. En fait, même si je savais beaucoup de choses à force de fureter un peu partout, j'ignorais une bonne partie de l'histoire. Mon avis était biaisé. Restait-il un peu du Clayton que j'avais connu au fond d’Everett ? Ou avait-il changé du tout au tout, auquel cas j’avais peur que nous ne partagions plus rien ? L'avais-je idéalisé au point de prendre mon discernement ? Pour me redonner une contenance, je replaçai une mèche de cheveux qui tombait devant mes yeux.

Quand il avoua n'avoir aucun souvenir de son enfance, je me mordis l'intérieur de la joue. C'était plus dur de l'entendre de sa bouche que de le lire sur un dossier. Je ne pris toutefois pas la peine de jouer la surprise, me contentant de rester parfaitement stoïque. Consciente qu'il me fallait tout de même réagir, je soufflai prudemment :  

- C’est terrible…

Et dire que j'avais passé une bonne partie de ma vie à courir après son souvenir, j'avais l'air bien stupide à présent. Au bout du compte, j'avais consacré trop de temps à poursuivre un mirage. J'avais beaucoup idéalisé les retrouvailles. Et maintenant qu'il se tenait enfin en face de moi, au lieu de se tomber dans les bras, nous étions en train de nous vouvoyer comme des inconnus. Je serrai les dents.

Everett avait l'air tellement stressé que c'en devenait communicatif. La situation était inconfortable, je sentais à mon tour une certaine tension me gagner. Je ne montrais rien, mais j'avais beaucoup de mal à savoir sur quel pied danser. Il y avait de quoi être désemparé : Everett semblait complètement perdu et j'aurais pu m'attendrir pour lui, mais ses remarques dédaigneuses m'empêchaient de me laisser amadouer. J'avais l'impression qu'il soufflait le chaud et le froid. Lorsqu'il parla de sa famille, j'eus un tressaillement d'indignation. Les Kennedy étaient des gens d'une gentillesse exceptionnelle, ils avaient beaucoup souffert, je ne pouvais pas tolérer qu'on parle d’eux ainsi. Je répliquai du tac au tac. À mon tour d'être sèche.

- Vos parents sont certainement les gens les plus respectables que je connaisse.

Discrètement, alors que ses yeux étaient baissés, j'observai Everett. Son visage avait des traits fins, harmonieux. En bref, c'était un beau mec.  « Il devait avoir une tonne de superbes mannequins à ses pieds... ». Je détournai le regard, pensive. C'était fou de constater à quel point nos mondes étaient différents à présent. Toutes ces années de recherche, ces fausses pistes que j'avais suivies, cette succession de déceptions... Tout cela me paraissait absurde, tout d'un coup. Je fus soudain prise de l'envie irrépressible d'un signe de sa part. Un signe que tous les efforts que j’avais – secrètement – déployés pour lui, jusqu’à friser l’obsession, n’avaient pas été vains ; j’espérais qu’au fond de lui demeurait une trace garçon drôle et gentil pour qui j'avais bataillé. « Tu rêves, ma pauvre Mo », me blâmai-je intérieurement. Le regard dans le vide, je m’entendis répondre :

- Je ne m’imagine rien… Mais il y a une chose dont je suis sûre, il y a ici des gens qui tiennent à vous... Qui ne vous ont jamais oublié.

Je ne savais plus vraiment si je lui parlais de ses parents ou de moi-même.
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Dim 11 Aoû - 12:16
Figé face à la réalité de la situation, je ne savais plus quoi penser, je ne savais même plus quoi faire. Cette famille, ce n’était pas la mienne et je ne comptais pas reprendre contact. Callie m’avait quitté suite à la perte de ma fortune et le scandale de ma famille. Si je reprenais contact avec les Kennedy et les gens du passé, je savais que je perdais toutes les chances de le récupérer. Je l’aimais sincèrement et je ne pouvais pas me permettre de la laisser passer sans me battre. Mon dévouement pour la femme de ma vie serait désormais ma priorité. Sans elle, je n’étais rien. Je fixais celle qui jurait être mon amie d’enfance et je ne savais même pas quoi penser de notre lien. « Terrible est un bien faible terme je dirais… » Répliquais-je en soupirant. Je n’arrivais pas à comprendre comment j’avais pu être berné aussi facilement. Je n’étais pas un homme naïf en temps normal pourtant. J’aurais dû découvrir le pot-aux-roses et savoir qu’ils arnaquaient. J’étais gestionnaire, c’était à moi de voir que tous les chiffres balançaient. Pourquoi m’avait-on tout enlevé tandis que j’étais la victime dans cette histoire …. Je retournais la tête un court instant vers la maison face au commentaire sur la bonté de cette famille qui semblait partager mes gènes. Je serais les points justes à cette idée. « Le respect ne fait pas de vous la personne que vous êtes… et ce n’est pas eux qui m’ont élevé… je n’ai rien à leur redonner… et ce n’est certainement pas eux qui vont me permettre de récupérer tout ce que j’ai perdu… » C’était froid, c’était arrogant et très nombriliste comme commentaire, mais c’était ce que j’étais au final. Il n’y avait plus de trace de ce Clayton Kennedy dont je ne gardais aucun souvenir. « Je suis navré… mais je n’ai rien à voir avec eux. » Je soupirais vraiment découragé de la situation. Dire qu’avant je n’aurais jamais mis le pied dans un secteur du New Jersey par dédain.
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Dim 11 Aoû - 20:54
Je fermai les yeux une demi-seconde, le temps de remettre de l'ordre dans mes idées éparses. J'avais du mal à gérer les mille pensées qui se bousculaient à toute vitesse dans mon cerveau. Amère, je lâchai :

- Ne vous excusez pas. C'est dommage, c’est tout. Mais après tout, ça ne me regarde pas, n’est-ce pas ?  

Je le comprenais enfin : Everett et moi n'avions rien à nous dire. J'avais imaginé que nous parlerions pendant des heures de nos vies respectives, assis sur un banc. Je me rendais compte maintenant que c'était là un scénario tout juste bon pour un mauvais téléfilm. La réalité était toute autre, évidemment. Nous étions bien trop différents, nous n’avions ni les mêmes aspirations, ni les mêmes motivations. J'aurais dû m'en douter.

- En tout cas, je vous souhaite beaucoup de bonheur, quoique vous fassiez, Monsieur Decker.

J'insistai froidement sur le « Monsieur Decker », soulignant encore davantage le fossé entre nous. Finalement, même si je n'arrivais pas à l'admettre pour l'instant, ça n'était pas plus mal. J'avais réussi à me construire une belle vie, j'avais trouvé un bon taff, de bons amis. Ma situation était stable, solide, confortable. Tout ce dont j’avais toujours rêvé. Il était peut-être temps pour moi d'arrêter de courir après les fantômes du passé. J'esquissai un mouvement pour tourner les talons, mais une pensée frappa subitement mon esprit et me coupa net dans mon élan. Je fronçai les sourcils.

- Je sais que vous ne me devez rien, mais je vous demande seulement une chose : faites attention à ne pas blesser mon mari... Enfin, votre frère biologique... plus qu'il ne l'est déjà.

En finissant ma phrase, je me sentis immédiatement en position de faiblesse. C’était infiniment désagréable. Moi, quémander quelque chose à un bourgeois condescendant ? Ça ne me ressemblait pas. Alors, pour compenser, j'ironisai ouvertement, avec un sourire presque cruel :

- Oh et... Faites attention sur le chemin du retour, c'est vrai, il paraît qu'il y a des lépreux qui traînent la nuit dans le quartier.
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Mar 13 Aoû - 22:04
Je jonglais entre un profond malaise et une certaine curiosité. Cette femme avait mon âge et semblait attendre quelque chose de plus de ma part. Je n’arrivais pas à la cerner, ni même à comprendre ce qui se tramait présentement. Je l’observais me libérer de cette conversation en opinant doucement. Rien de sympathique, surtout que je ressentais le ressenti qu’elle me portait. « Ce n’est rien. » Comme si elle me devait des excuses ? Je l’observais encore une fois en ressentant l’oppression de sa dernière phrase. Je ne comptais pas en rajouter une couche, la laissant repartir d’où elle venait, mais je la vis s’arrêter de nouveau et me regarder. Mon sourcil bondit en lui démontrant d’un regard blasé que j’attendais sa question. Elle me parlait de son mari… qui s’avérait être mon frère. J’étais surpris de cette révélation pour tout dire. « Vous êtes mariée à mon… à lui… ah bon. » Je ressentais son attachement à mon égard, je ne l’aurais pas cru capable de tomber amoureuse de mon frangin. « Une façon de vous rapprocher de l’image de Clayton j’imagine… » J’avais lancé ça sans vraiment réfléchir. C’était sans doute exagéré de lui lancer quelque chose comme ça, mais je ne l’a connaissais pas et juste à la façon dont elle me regarde depuis notre rencontre, je voyais ce qu’elle pouvait ressentir à l’égard de l’ancien moi. Elle suggérait que le quartier pourrait me conduire tout droit vers un danger. Je serre les points. « Vous êtes sérieux ? J’ai pas envie qu’on m’arrache le peu qui me reste … je savais que j’aurais dû me trainer une arme avant de m’aventurer dans un pareil taudis... » Je commençais à vraiment m’inquiéter pour ma survie. D’un autre côté, avais-je encore de quoi me raccrocher ? Tout m’avait été arraché…
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Mer 14 Aoû - 9:34
J'étais Maureen, l'imperturbable , la flegmatique. Celle sur qui tout glissait sans avoir de prise. En général, les gens n'en connaissaient pas suffisamment sur moi pour pouvoir se montrer blessants. Je faisais en sorte qu'ils ne sachent pas à quoi s'attaquer pour toucher un point sensible. De cette façon, c'était très facile pour moi de toujours être parfaitement indifférente.

C'est pourquoi je fus tout d'abord très surprise par les mots d'Everett. Sa remarque, qu'il avait lâchée avec tant de détachement, m'avait heurtée. Naïvement, je lui avais laissé de l'emprise sur moi. C'est sans doute ma propre négligence qui m'irrita le plus. Je le fixai, le regard dur.

- Comment oses-tu dire un truc pareil ?

J'avais parlé sur un ton égal, contrôlant mes nerfs, mais j'avais tout de même abandonné le vouvoiement sous l'effet de la colère. Évidemment, mon mariage était un fiasco absolu, sans doute le plus grand échec de ma vie. Je passais mon temps à fuir mon mari, sans pour autant oser le quitter de peur qu'il en meure. Mais de quel droit Everett se permettait-il de faire des insinuations ? J'aurais voulu lui hurler qu'il se trompait, lui mentir en lui disant que j'aimais Archer pour ce qu'il était et non pour ce qu'il me rappelait. Ce qui me vexait le plus, c'est qu'Everett avait visé juste. Même si la vérité était bien plus compliquée que ce qu'il semblait se figurer.

Devant son air inquiet, je levai les yeux au ciel. Je voyais bien qu'il commençait à sérieusement flipper. Honnêtement, j'y prenais un malin plaisir. J'aurais dû avoir de la pitié, mais il m'avait excédée ; me moquer de lui me faisait étrangement un bien fou.

- Ouais, je suis sérieuse. C'est comme pour les vampires, il paraît qu'il n'y a que l'ail qui les éloigne.
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Mar 20 Aoû - 20:57
Je ne gardais aucun souvenir de Maureen, sauf que je lisais assez bien en elle pour comprendre ce qui l’avait conduite à épouser mon frère – enfin… si on pouvait l’appeler ainsi. Je l’observais et l’analysais comme je faisais depuis toujours si bien. Les relations humaines et moi, ce n’était pas encore gagné, sauf que j’arrivais à percevoir ce genre de détail. Déjà, mon commentaire venait réellement de la choquer. J’avalais de travers face à sa réaction. Je venais peut-être d’aller un peu trop loin, mais à quoi bon s’excuser ? Je soupirais en évitant durant quelques secondes son regard. « C’est assez cliché comme situation… je ne te connais pas. Je pourrais te juger à des kilomètres, mais je suis certain que ce que je dis, n’est toutefois pas complètement faux n’est-ce pas ? J’ai étudié la psychologie durant une année à la fac.. et toi.. tu n’as clairement jamais oublié Clayton. » Dis-je en relevant le regard pour finalement observer sa réaction droit dans les yeux. Après tout, un certain sentiment familier me gagnait lorsque je l’observais. Comme si j’éprouvais une certaine empathie pour elle. Pourtant… ce n’était tellement pas mon genre en temps normal. Il fallait que je me ressaisisse… et qu’elle me mène en bateau sur ces histoires de clochards psychopathes n’aidaient pas ma cause. Je grognais en voyant qu’elle se moquait de moi. J’arque un sourcil plus sérieux. « C’est ça… riez. » J’avais compris.
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Jeu 22 Aoû - 6:51
Je n'aimais pas beaucoup la perspicacité d'Everett. J'aurais préféré qu'il soit moins malin que ça : je le sentais essayer de me déchiffrer et ça me dérangeait énormément. Je croisai les bras – geste qu'il allait sans doute interpréter comme un besoin de masquer mon insécurité. Quoi qu'il en soit, il était hors de question de lui révéler que j'avais pris de gros risques pour retrouver la trace de Clayton (et qu'en plus j'avais échoué, mon ego ne s'en était toujours pas remis). Pendant toute sa tirade, je défiai son regard, par pure insolence.

-  Je n'ai jamais oublié Clayton, c'est vrai. C'est plutôt traumatisant d'assister à l'enlèvement de son meilleur ami quand on a huit ans.

Je haussai les épaules, nonchalante. Savait-il déjà qu'à l'époque, sa voisine était présente lors de son enlèvement ? La police lui avait-elle communiqué l'information ? Le kidnapping m'avait longtemps hantée : enfant, je m'en étais beaucoup voulu de n'avoir rien pu faire. J'avais ressassé indéfiniment la même question : pourquoi lui et pas moi ? Mais, à l'âge adulte, j'avais fini par comprendre que rien n'était de ma faute. J'étais parvenue à faire taire ma culpabilité et à faire la paix avec tout ça. Enfin presque.

Je braquai mes yeux bruns dans les siens. Il avait compris que je me payais sa tête depuis le début de la conversation. Malgré moi, un mince sourire se dessina au coin de mes lèvres – mais sans méchanceté. « Malin et perspicace mais un peu crédule sur ce coup-là » songeai-je, amusée. Je ressentais la même fierté qu'une gamine qui aurait fait une mauvaise farce. C'était stupide, mais au moins, ç'avait le mérite de détendre un peu l'atmosphère...
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Mar 27 Aoû - 21:37
Ce qui était étonnant dans toute cette conversation, c’était que Maureen semblait en savoir beaucoup plus à mon sujet que moi-même je ne pouvais le dire. Les policiers ne m’avaient que laisser quelques détails … mais pas assez pour remonter le puzzle de mon passé. Certes, une partie de moi refusait d’accepter l’inévitable et de souhaiter en apprendre plus à ce sujet et d’un autre, j’étais curieux. Curieux par ce qui avait conduit mes parents à me choisir moi. Ils étaient riches, ils étaient intelligents. Je suis certain qu’ils avaient étudiés ma situation – comme celle de mon frère et de ma sœur. Nous trois, nous étions de familles défavorisés. Ils voulaient pour nous une meilleure vie que la décharge dans laquelle nous vivions – sans avenir certain. J’avais étudié, j’étais diplômé de l’université aujourd’hui. C’était un bel hommage… bien que je n’arriverais surement plus jamais à me placer dans la gestion… après tout ce scandale. Je soupirais juste à cette idée. Je n’irais certainement pas bosser au restaurant du coin comme serveur. Plutôt mourir. Ainsi, je continuais à dévisager celle qui semblait être ma meilleure copine d’enfance, intrigué. « Nous étions si proche… c’est surprenant. » J’évite à nouveau son regard, mais observe la tristesse sur son visage. Je me prie d’une moue de compassion – ce qui n’arrive que très rarement dans mon cas d’ailleurs. « Je suis désolé pour toi. » Dis-je tout simplement en me raclant la gorge doucement.
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Jeu 29 Aoû - 5:59
Je m’adossai au mur en pierres derrière moi. Je voyais Everett éviter mon regard et je faisais également très attention à ne pas croiser le sien. Nous discutions en nous regardant par intermittences. La situation avait quelque chose d’éminemment gênant, mais la curiosité me poussait à poursuivre la discussion.

- Tu trouves ça surprenant…


Je laissais ces derniers mots en suspens. Que voulait-il dire par « surprenant » ? Surprenant qu’à l’époque, nous ayons partagé autant de choses, mais qu’aujourd’hui il soit incapable de se souvenir de quoi que ce soit ? Le chagrin voila un instant mon regard. Rêvais-je ou était-ce bien une certaine forme de compassion que je lisais sur son visage ? Visiblement, je n’avais pas réussi à cacher la pointe de tristesse, le soupçon de mélancolie dans mes yeux.

- T’as pas à être désolé. C’est pas moi la victime dans l’histoire.

Je me mordis la lèvre. Peut-être n’allait-il pas apprécier d’être considéré comme une victime. Mais de nous deux, au final, ce n’est sans doute pas moi qui avait le plus souffert.
Je n’allais pas tarder à libérer Everett de cette conversation. Il avait sans doute beaucoup mieux à faire et hâte de se défaire de cet échange embarrassant. Quant à moi, j’avais un mari à retrouver – j’avais tendance à un peu trop l’oublier. Mais maintenant que j’y étais, hors de question de partir sans avoir glané quelques informations. C’est vrai, maintenant que le scandale avait tout détruit sur son passage, qu’avait-il prévu pour s’en sortir ? Comment gérait-il « l’après » ?

- Si ce n’est pas indiscret… Que comptes-tu faire à présent ? Je veux dire, il faut bien continuer à vivre… Se reconstruire.
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Mar 3 Sep - 20:12
À chaque fois qu’elle me répondait, je ressentais cette tristesse à mon égard et j’aurais bien pu en être offusqué, mais ça semblait être le contraire. Fallait dire que j’appréciais que l’attention me soit porté depuis toujours et que depuis le scandale de ma famille, je me voyais plutôt rabaissé par tout le monde. La compassion n’était que bien rare et j’appréciais de la ressentir dans les propos de celle qui semblait être mon amie d’enfance. Je n’avais pas l’habitude d’être aimable… encore moins face à une personne dans la classe ouvrière. Je baissais les pupilles à nouveau et lui répondis-je. « J’avoue que d’être la victime n’est pas non plus la situation la plus agréable à être… je donnerais tout pour retrouver le confort de mon fauteuil en cuir véritable ou la douceur de cette serviette de bain tissé à la main par cette vieille vénitienne aveugle. Dire que je ne pourrais plus payer 6200,00$ pour ce genre de matériel me donne une envie de régurgiter. Et c’est après ce genre d’acte qu’on dit que je ne suis pas une personne charitable. » Je rabaisse les épaules tristement. J’espérais continuer à recevoir de la compassion de la part de Maureen. « Certes, cette pauvre dame ne touchait qu’une maigre prime, mais on pouvait dire que j’encourageais les produits locaux non ? » Je ne réalisais pas l’horreur de ce que je pouvais bien dire. Je n’avais jamais eu de misère à acheter des produits chez de milliardaires profiteurs parce que j’en faisais partie à cette époque également… Maureen me posait des questions … ce qui m’obligeait à revenir sur Terre. « Sérieusement… je n’ai aucune idée. Je ne peux pas accepter cette vie. Tu peux croire toi que je dois faire les poussières par moi-même, c’est un crime en soi. J’ai même croisé un rat dans la poubelle que j’ai réussis à sous-louer… je ne sais même plus où je vais… je ne sais même pas si ça vaut la peine de continuer… tant qu’à être un déchet de la société…. Comme j’ai toujours méprisé… » Voulais-je m’enlever la vie ? J’y songeais… de plus en plus…
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Jeu 5 Sep - 18:13
Cette discussion était vraiment une montagne russe d’émotions. Bien qu’Everett ne puisse lire sur mon visage qu’une vague mélancolie, je passais littéralement par tout un panel de sentiments contraires. Mes yeux s’écarquillèrent au fur et à mesure qu’il parlait : on nageait en plein délire. Qui donc était-il pour débiter autant d’absurdités à la seconde ? J’étais sidérée, furieuse, déçue. Alors même que mon affect était sur le point de reprendre le dessus, Everett se mettait à me décrire un luxe à vomir. Ça me dégoûtait. La seule chose qui me retenait de le planter là, au milieu de ce quartier sordide, c’était cette image persistante de Clayton, mon ami d’enfance, qui ne cessait de me hanter depuis des années. « Bon sang, mais qui met autant de pognon dans une serviette de bain ? » Mon ton s’était considérablement refroidi et, cinglante, je fulminai :

- Quel récit tragique ! Heureusement, ce n’est pas comme si l’Amérique était gangrenée par la pauvreté et que, rien qu’à New York, plus de 22000 enfants étaient sans-abri…

Mes joues s’étaient rougies sous l’effet de la colère. Mais les derniers mots d’Everett me heurtèrent de plein fouet et mon emportement s’essouffla d’un coup. Trop occupée à être révoltée par ses histoires futiles de draps de bain, je n’avais pas réalisé à quel point ses idées pouvaient être noires. J’en fus complètement désorientée. Toutes ces années, je m’étais accrochée à l’espoir que Clayton soit en vie. Pour moi, il était inimaginable de le voir disparaître une seconde fois. J’avais sans doute perdu à jamais mon ami d’enfance, mais Everett était bien vivant, il avait été heureux pendant des années – c’était la seule chose qui pouvait me réconforter. Mais l’entendre prononcer des pensées suicidaires... C’était tout simplement insupportable. Malheureusement, je ne pouvais pas vraiment lui apporter mon aide, d’autant plus qu’il n’avait pas l’air disposé à échanger plus de quelques mots avec une plébéienne comme moi… À moins que…

- Je suis désolée, Everett... Mais je ne peux pas te laisser dire ça. Tu as toujours eu tout ce que tu désirais sans jamais lever le petit doigt. Et évidemment, aujourd’hui, face au premier obstacle de toute ta vie, tu pleurniches sur ton pauvre sort. Mais en fait, tu n’as pas le droit. Tu n’as pas le droit de manquer de courage. Tu n’as pas le droit de refuser de te battre. Ce serait lâche, non, pire, ce serait indigne.

Je m’interrompis en me rendant compte que j’avais élevé la voix et que je me trouvais à la limite de l’insulte. Au moins, pour une fois, j’avais exprimé le fond de ma pensée. Je n’aurais pas pu être plus franche – en revanche, j’aurais pu être plus diplomate. Je détournai le visage, les dents serrées, et repris la parole, radoucie mais tout de même sur la défensive.

- Accepter l’aide d’une prolo comme moi blesserait sans doute ton ego, mais je peux t’aider à trouver un taff. Un truc bien payé. Le PDG de ma boîte me doit une fière chandelle, je suis sa meilleure ingénieure… Et il a besoin d’un bon gestionnaire.
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Dim 8 Sep - 21:21
En ce moment et intérieurement, je voudrais être à des kilomètres du New Jersey – de cette rencontre avec Maureen. Je ne me sentais pas bien, pas bien du tout même. Je ressentais tellement de sentiments contradictoires qui me rongeaient le fond de l’âme et je n’arrivais pas à affronter mes émotions. Une seconde, je manquais considérablement de souffle. J’engoissais. J’avais toujours été quelqu’un de très sûr de moi… J’étais une tête forte, un leader né, mais aujourd’hui j’en perdais mes moyens. Je voyais que mes intérêts pour les serviettes de bain hors de prix exaspéraient Maureen, mais je ne pouvais me permettre de voir la situation d’un autre œil. « et bien, on peut considérer qu’on se retrouve avec 22 0001 sans-abri dans ce cas. Dit toi quand même que j’ai permis de faire vivre une petite famille avec cette serviette dont j’avais les moyens de me permettre alors il faut regarder la situation dans toutes les angles très chère… » Dis-je avec raison. Enfin, moi je pensais que c’était assez convenable comme façon de voir les choses. Certes, jamais je n’avais pensé de la sorte lorsque je m’étais procuré un tas d’idiotie à des prix excessifs du temps où j’étais milliardaire, sauf qu’aujourd’hui, je commençais à voir mon style de vie d’un autre façon.

Maureen semblait avoir été touchée par mes paroles. Elle paraissait si gentille par moment, je me sentais limite mal de la faire culpabilisé ou de la décevoir de ne plus être celui qu’elle a connu dans sa jeunesse. Elle tentait de m’aider et ça, même si je me comportais comme un véritable trou de cul depuis nos retrouvailles. « Je ne pleurniches pas ! » Dis-je en boudant. « Je suis seulement réaliste… tu sais qu’en plus d’avoir perdu ma fortune, ma famille, ma carrière, ma réputation et mon identité, ma femme m’a littéralement jeté… comme une vieille serviette sale.. » Oui, la référence était ironique sachant que nous venions de parler de cette serviette à plus de 6000$ que je m’étais déniché autrefois.

Je lève le regard à nouveau vers Maureen qui voulait m’aider à me trouver un emploi.. dans la boîte où elle bossait même. Je me grattais la tête et contracte ma mâchoire maladroitement. « Bon gestionnaire… c’est malheureux, mais même si je suis totalement compétant dans mon domaine, plus personne ne veut m’engager. La compagnie familiale dans laquelle j’étais l’un des actionnaires principaux a quand même été pris d’assaut par la fisc pour des milliards de dollars de fraude… même le supermarché du coin ne risque pas de vouloir de moi…. » J’en pouvais plus. Tout me tombait sur la tête et je ne contrôlais plus rien… j’avais qu’une envie, me jeter sous un bus…
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Mar 17 Sep - 17:12
Je rentrai les épaules comme une ado en colère et poussai un bref soupir d’exaspération.

- C’est des conneries ça, des trucs que disent les riches pour se dédouaner et soulager leur conscience. Tu n’es pas un mécène qui soutient les petits artisans. La vérité, c’est que ta « famille » a abusé de gens qui n’avaient ni les moyens financiers ni les moyens intellectuels de se défendre. Alors, s’il te plaît, évite les leçons de morale grandiloquentes, Jean Valjean.

J’étais peut-être allée trop loin, mais je n’aimais pas l’hypocrisie. Jouer les faux-culs ne me ressemblait pas. Je ne regrettais pas mes paroles, pour moi, elles étaient factuelles. Les bras croisés, le visage fermé, j’attendis la réaction du jeune homme avec un air placide que même une tempête ne parviendrait pas à ébranler. Qu’il se mette en colère ne me déstabiliserait pas – j’étais persuadée d’être dans le vrai.  Pourtant, je me montrais injuste, j’accusais Everett sans même me demander s’il était véritablement coupable…

Je ne masquai pas ma surprise lorsqu’Everett parla du naufrage de son mariage. Je relevai un visage attentif ; ça, je ne le savais pas. Soit aucun média n’en avait parlé, soit j’avais manqué l’information. L’ex-femme d’Everett l’avait largué uniquement pour éviter de baisser sur l’échelle sociale. Entre mes dents, je jurai. Décidemment, je ne comprenais pas les codes du monde des puissants.

- Je suis désolée. Je l’ignorais. Mais les affaires de cœur, on s’en remet.

J’avais dit ça, mais en même temps, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il ne s’agissait pas d’une très grande perte. Pour mon esprit cartésien, une relation aussi bancale, ruinée pour une simple question d’argent, n’avait pas lieu d’être. Me voilà maintenant en train de donner des conseils sentimentaux… Quelle ironie venant de moi, alors que ma vie amoureuse était un désastre absolu, que je n’avais connu que quelques hommes en dehors de mon mari et que tous avaient été absolument anecdotiques. Facile de sortir des phrases toutes faites quand on a jamais connu le grand amour. Décidemment, les relations amoureuses n’étaient pas mon fort.

- Ouais, je sais. Enfin… Je veux dire… Comme tout le monde quoi, je me suis renseignée.

J’avais répondu un peu vite, avant d’essayer de me rattraper. Evidemment, je savais que plus personne ne voulait embaucher le fils Decker – j’avais passé des heures à éplucher tous les articles, mais hors de question qu’Everett s’aperçoive de l’intérêt presque maladif que je portais à l’affaire Gold & Decker.

- Je peux toujours essayer. Comme je te l’ai dit, mon boss a une dette envers moi, disons que je l’ai tiré d’un mauvais pas. Mais forcément, si tu pars défaitiste, pas la peine de compter sur mon aide…
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Dim 6 Oct - 10:34
À chaque fois que Maureen répondait à mes explications, je me sentais attaqué – perdre mes moyens face à une femme de la basse populace ne me ressemblait pas. J’avais toujours su me défendre, toujours trouver les mots cinglants pour répliquer, mais là…. Je ne possédais plus matière à … qu’allais-je pouvoir faire si je perdais mes repères en plus du reste ? Je n’étais pas pour me réinventer complètement. Ce n’était pas moi et ça ne le serait jamais. Devrais-je sincèrement en ajouter une couche ? Je savais que ça ne menait nulle part et au fond, je savais que Maureen avait une façon de penser plus proche de la réalité que la mienne – toujours prise du dénie le plus total. « De toute façon… je n’ai vraisemblablement plus rien à voir avec ma " Famille " je devrais apprendre à ne plus m’en comparer…. » Ajoutais-je d’un long soupir plein de désespoir. Je ne comptais plus sur personne… tout le monde m’avait laissé tomber. Je conservais un lien avec mon frère et ma sœur ; mais ils vivaient la même situation que la mienne…. Comment faire pour leur demander soutiens tandis que leurs propres vies s’écroulaient également. Je voyais que la compassion chez Maureen reprenait le dessus lorsque je lui parlais de mon mariage. Un pincement de sourire grimaça sur mes lèvres, écoutant qu’ensuite, le commentaire que j’appréhendais vienne : oui, je sais, on se remet toujours des histoires de cœurs…. Mais c’était pire quand on ne perdait pas seulement la femme de notre vie…. Mais tout le reste également… « Si ça ne serait que ça… » Ajoutais-je sans vraiment porter mes paroles à l’encontre de ma compagne, mais plutôt pour moi-même.

Ainsi, l’offre de Maureen était très généreuse… surtout après la manière que je lui avais parlé depuis nos retrouvailles. Elle avait bon cœur, c’était incroyable. Même que je n’avais jamais croisé ce genre de personnage avant. « Et bien… si vous souhaitez me donner ma chance… je ne pense pas être en mesure de refuser une offre de toute façon…. Oui… je veux bien que vous lui proposer de m’embaucher… mais ça implique que nous aurions à nous revoir… ce n’est pas trop douloureux pour vous ? » Après tout, elle était clairement amoureuse de celui que j’étais.
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