Goodmorning [ft. Samuel]

Je me dépêchais de me préparer. Je devais rejoindre Maureen chez Esposito pour discuter politique comme à notre habitude. J'appréciais énormément la jeune femme et nos rendez-vous pour refaire le monde, c'était un vrai bonheur de discuter ouvertement avec quelqu'un qui partageait ma vision du monde. Une fois préparé, je vérifiais une dernière fois qu'il ne manque rien dans mon sac photo, ne partant jamais sans, et le mettait alors sur mon épaule pour sortir de mon ridicule studio. Je commençais alors à descendre les étages de ce vieil immeuble délabré et en arrivant quasiment en bas, je tombais sur mon voisin de palier. Si lui ne me connaissait sans doute pas, moi je savais très bien de qui il s'agissait. Mes confrères paparazzis ne lui avait jamais fait de cadeau, et les rumeurs pouvaient aller très vite dans mon corps de métier. Pour ma part, ça ne m'intéressait pas vraiment. A travers la photo, je cherchais toujours à raconter quelque chose, et surtout quelque chose beau. J'aimais être poétique avec, que mes œuvres aient un vrai sens. Pour moi, photographier un acteur colérique et alcoolique, ça ne m'intéressait pas, c'était sa vie, il en faisait bien ce qu'il voulait.

Je ne comptais pas m'attarder. Maureen allait m'attendre, mais l'homme en face de moi semblait bien mal au point. Il avait une salle mine, et le verre d'alcool ainsi que sa clope n'allaient certainement pas l'aider à aller mieux. Surtout, il semblait chercher les ennuis. Moi je ne voulais pas d'ennuis, juste passer pour sortir rejoindre mon amie. Je restais sans voix devant le ton utilisé par mon voisin qui semblait penser que je lui voulais du mal. Puis, ce dernier vint vers moi pour se diriger vers les escaliers et très probablement remonter chez lui, ne manquant pas de me bousculer de l'épaule en passant. Je me retournais alors vivement. « Mec c'est quoi ton problème au juste ? » Je me reculais en le voyant s'agiter pour éviter les éclaboussures de son verre. Je ne voulais pas puer l'alcool pour rejoindre Maureen. Quand je l'entendis me dire qu'il en avait rien à foutre de passer pour un connard, je ne pu que voir sa douleur. Cet homme allait très mal. Il buvait sans doute pour oublier, et se tuer à petit feu. J'aurais aimer l'aider, mais il ne semblait pas vraiment enclin à accepter cet aide. J'allais me retourner pour vaquer à mes occupations puisqu'il ne me bloquait plus le passage mais contre toute attente, ce dernier me proposa de venir boire un verre. J'étais partagé. C'était l'occasion d'apprendre à le connaître pour pouvoir lui apporter mon aide, mais Maureen … « Ok j'arrive. Vas y monte je prends juste mon courrier et j'arrive. » Je plonge alors la main dans ma poche pour saisir mon portable et mes clés. Je commence par envoyer un message à Maureen pour lui indiquer que nous allions devoir remettre notre rendez-vous. Mais je voyais l'homme me regarder sans bouger « Alors au cas où tu ne l'aurais pas remarqué encore, je suis ton voisin de palier, donc oui, je sais à quel étage tu habites et quelle est ta porte ! » dis-je en remettant le portable dans ma poche et en ouvrant ma boîte au lettre pour en extirper le courrier. Mais ayant déjà terminé ce que j'avais à faire, je me retournais et m'approchait donc de mon voisin « Mais on peut aussi monter ensemble, y a pas de soucis ! » Je ne sais pas ce qui me prenais d'agir ainsi. Ma bonté allait finir par me perdre un jour.